le 30 mars 2017 à 10h :
remise du CD, visionnage du clip, interview par Zebrock, émouvants adieux…
L’émotion de découvrir la chanson créée ensemble pendant 3 mois…
L’émotion d’entendre sa voix pour la première fois !!!
Voilà ce qu’ont vécu Jorham, Eslem, Oumar, Iliès, Antoine, Bilal, Marion & Anissa le vendredi 30 mars, juste la veille des vacances de Pâques, lorsque Pierre et moi sommes venus remettre à chacun un CD avec le titre écrit, composé, enregistré ensemble une semaine auparavant, au Studio Melodium à Montreuil…
« PRENDRE MA PLACE », voici le titre que nous avions choisi pour cette chanson. Parce que c’est le dernier mot du texte, parce que c’est Eslem, avec sa spontanéité, son énergie, sa générosité, qui le dit, parce que c’était l’objectif que Pierre et moi nous étions fixés : permettre à chaque enfant, à travers ce parcours de création, de « prendre sa place ». Tous se sont investis dans ce projet au point de réussir à incarner, via l’écriture et l’interprétation, QUI ILS SONT.
Pierre et moi sommes fiers du travail qu’ils ont accompli, séance après séance (je vous les raconte toutes dans mon Journal…), fiers des efforts/progrès qu’ils ont effectués à chaque atelier, fiers de leur attitude respectueuse et solidaire tout au long de cette aventure, fiers d’avoir pu créer avec chacun un lien de confiance tel qu’ils ont su, le jour « J », donner le meilleur d’eux-mêmes.
Je leur dis un immense BRAVO… Je suis profondément heureuse de l’expérience menée pour la première fois en collaboration avec l’association Zebrock. Le fait d’intervenir dans une classe-relais fut d’une richesse toute particulière car il s’agit plus que jamais d’enfants qui ont besoin d’être écoutés, entendus, respectés, aimés.
La confiance qu’ils nous ont très rapidement accordée a été essentielle dans le processus de transformation des uns et des autres… Ils ont évolué incroyablement au cours du trimestre, ils se sont « ouverts » à un point que je n’aurais jamais cru possible en un temps si court… Certains se sont littéralement métamorphosés… Je pense à Bilal. Je pense à Eslem. Je pense à Jorham. Je pense à Iliès. Quel chemin parcouru entre les mines sombres du 6 janvier et les sourires éclatants du 30 mars ! Je les ai senti ce vendredi-là, et même au studio 7 jours avant, HEUREUX. Voir ces enfants heureux est bien évidemment pour nous tous la récompense ultime… Oui ça sert à quelque chose. Oui ce type de programme mis en œuvre, financé par le Département de Seine-Saint-Denis tient la route ; rend un service réel, « change » des choses. Change des choses et change des gens.
Nous avons bénéficié aussi du soutien constant, de la participation magnifique de Marion Muller, la coordinatrice de cette classe-relais. Une femme d’exception. Son humilité, son intelligence, sa bienveillance, sa qualité d’écoute nous ont permis de travailler avec ces adolescents dans des conditions optimum. Marion a joué le jeu de A à Z ! Elle a écrit, comme eux, comme nous, elle a livré des choses profondes et personnelles, comme eux, comme nous, elle a travaillé sur l’interprétation de son texte devant eux, a enregistré en studio avec eux…
Ce 30 mars, l’association Zebrock était présente pour la restitution du Parcours, avec une équipe de tournage. Ils ont filmé les enfants en train d’écouter le son seul d’abord, puis de découvrir leurs visages sur la vidéo réalisée par Eric Orhand.
Ils ont eu du mal à s’écouter, à se regarder. Ils ont eu du mal et puis ils ont sauté le pas. Jorham, qui avait quitté la pièce, est revenu. Ils ont regardé le clip une 2e fois… Et j’ai vu dans leurs regards qu’ils étaient contents du résultat. Contents et fiers d’eux. C’était mon objectif. Leur redonner confiance. Leur montrer à quel point ils ont, chacun, du talent.
Une personnalité riche, des choses à dire, et de la force pour les exprimer.
Il n’y a rien de plus gratifiant que de voir ces enfants manifester du respect et de la reconnaissance pour eux-mêmes. Cette aventure les aura nourris, c’est sûr. Elle aura fait grandir en eux la confiance dont ils manquent à l’école, car le système scolaire n’a pas le temps. De les écouter. D’aller les chercher. De les encourager. De les accompagner. De leur sourire tout simplement.
Cette expérience était nouvelle pour Pierre et moi.
On a eu affaire à 9 enfants, entre 13 et 16 ans.
Ils nous ont TOUS donné envie.
Probablement c’est notre envie qui a généré la leur…
J’ai une pensée particulière pour Davis, que je n’ai vu que 2 fois ; mais dont j’ai gardé cette phrase : « Je veux être milliardaire et passer des millions à ma mère ». Il était très attaché à sauver l’Afrique. Gagner beaucoup l’argent pour aider les autres. Sa mère mais pas seulement.
Une pensée particulière pour Alaadin qui a du quitter le collège avant le fin de notre parcours (menacé de mort au collège… règlements de compte après violente agression entre bandes de cités de Sevran). Il avait produit, en ateliers, un texte extrêmement fort. Et m’a manqué à l’enregistrement.