Tu n’as pas froid aux yeux, tu ne crains pas le bruit. Tu ne te caches pas, les autres prendront le pli. Tu ne simules rien, tu te prends pour la grande et la belle, tu es grande et tu es belle et ton regard le sait. J’aime quand tu me regardes. J’aime qu’on inverse les rôles. As-tu vu mes longues artères, as-tu vu mes lumières, as-tu vu mon génie et mes fantaisies ? Serais-tu capable de dire la couleur de mes yeux ? Tes yeux sont rouge orange. Tes yeux sont citrouille. Halloween défile dans tes rues. As-tu vu mes longues jambes et mon cou de building ? As-tu vu mes oreilles en Steinway et mon nez en trompette bouchée ? Sais-tu que tes murs font danser les anges qui refaisaient le monde à l’intérieur de moi ? Imagines-tu que grâce à toi je me sens belle et grande, avec des cheveux longs et une queue de poisson ? J’entends une sirène.
Texte : Marine Bercot
Photo : Aurore Adeline