Pierre a débarqué de Bamako il y a quelques jours.
J’ai débarqué de Dublin il y a quelques heures.
Rendez-vous sous la pluie rue des Frigos, au pied de l’UMJ.
Même quand c’est mouillé, j’aime ce parking pavé, j’aime ces couloirs et ces escaliers, tout décorés-taggés-écrits-marqués par les humains qui passent. Des artistes pour l’essentiel. Dans ce lieu on photographie, on sculpte, on coud, on joue, on dessine, on écrit, on façonne, on déjeune, on discute, on se rencontre et on se réinvente.
C’est ce qu’on a fait, Pierre et moi, ce vendredi 4 mars de 10h à 17h.
Ré-former notre spectacle. Ré-unir des chansons. Ouvrir des espaces. Multiplier les mélodies. Permettre l’improvisation. Laisser faire la danse. Glisser d’une tonalité à une autre sans tomber. Sans couper le fil. Oh là là. Que c’est bien ce travail de réinvention perpétuelle, d’interaction obligée, et de conscience des publics avant qu’il ne soit présent.
On appelle ça des « répétitions » mais là c’est tout sauf ça. C’est : comment ne pas répéter ? comment se laisser la possibilité d’aller ailleurs, d’entrer partout. D’aller vers vous, si ça vous dit. De revenir à nous, pour mieux re-partager.
Travailler avec Pierre n’est pas si simple parce que nos cerveaux fonctionnent avec des branchements différents. Des rythmes décalés. Mais c’est ça qui est chouette. Et riche et drôle. Ce qui nous réunit, inéluctablement, c’est ce principe de création sur le vif et cet attachement — comme une valeur fondamentale – à la prise de risque.
La scène comme un fil. Entre nous deux. Entre vous et nous. Entre les chansons et le présent.
